« On ne peut plus rien dire », « c’est de l’humour », etc.
Ces phrases, et bien d’autres, je les entends très régulièrement lors de mes interventions sur la lutte contre le sexisme au travail. Elles reviennent comme autant d’obstacles et de freins à une démarche qui devrait pourtant faire consensus.
Alors pour dépasser l’agacement face à ce type de phrase, j’ai voulu prendre le temps de comprendre ce qu’elle dit, quel est le message derrière ces mots « refuges ». Car si la phrase peut prêter à sourire tant elle est désormais devenu un « running gag », cette phrase dit quelque chose, elle véhicule une émotion et elle traduit une forme de malaise et d’incompréhension de la part de celui ou celle qui la prononce.
C’est pour cela que j’ai souhaité écrire une conférence autour de ces phrases et autres objections entendues dans le cadre des démarches de lutte contre le sexisme.
Pourquoi les entreprises doivent agir contre le sexisme ?
Avant de déconstruire les objections, je tiens à revenir dans ma conférence sur 4 arguments majeurs qui doivent selon moi convaincre, pousser, motiver les entreprises à agir contre le sexisme.
Je reviens notamment sur les chiffres clés du sexisme au travail, pour en montrer l’omniprésence. Comme le dit Caroline de Haas dans son ouvrage « En finir avec les Violences Sexuelles et Sexistes », « lorsque l’on veut convaincre sur les violences, c’est l’outil à mobiliser en premier ».
Ensuite, je rappelle les évolutions récentes du droit. Le respect de la régle est pour un certain nombre de personne un moteur important. Or aujourd’hui, en matière de Violences Sexuelles et Sexistes (VSS), les règles à respecter sont nombreuses et elles sont extrêmement « dynamiques » : le droit bouge beaucoup, il évolue, sous le poids notamment des attentes de la société et le travail colossal des associations qui se battent aux côtés des victimes.
Autre argument, fondamental à mes yeux : la prise de conscience que le sexisme a des impacts. C’est mon cheval de bataille (cf article). Je m’arrête donc ici sur les impacts du sexisme sur les victimes, mais également sur le collectif de travail et l’entreprise toute entière.
Enfin, dernier élément, je pose le contexte actuel comme un argument de poids : la tolérance quant au sexisme diminue chaque jour un peu plus. A la suite du mouvement #metoo, le sujet est omniprésent sur la scène médiatique et cela contribue à une meilleure reconnaissance de ce qu’est le sexisme au quotidien. Et cela aide les personnes à mieux le reconnaitre dans leur propre environnement et à dire stop. Désormais, il n’est plus perçu comme un incontournable au travail avec lequel il faudrait composer. Aujourd’hui, toute personne a le droit à évoluer dans un environnement de travail sans sexisme.
« On ne peut plus rien dire » et autres objections
Dans ma conférence, je m’arrête ensuite sur les principales objections que l’on entend souvent, que l’on pense régulièrement, que l’on exprime tout haut parfois. Il n’y a pas de jugement face à ces phrases : elles expriment avant tout une émotion (colère, peur, tristesse) et il est nécessaire de respecter cela. Mais ces phrases sont problématiques car elles sont selon moi des obstacles dans la lutte contre le sexisme. Elles cristallisent des points de blocage. Et c’est pour cela qu’il faut les comprendre pour mieux les déconstruire.
Pour chaque objection, je commence par reformuler et je tente de traduire le sous-texte contenus dans les propos.
Je mets ensuite en perspective chaque phrase et je propose un questionnement individuel pour mettre à distance ces propos. Je propose des alternatives lorsqu’il peut y en avoir. J’apporte également des faits et des chiffres lorsque c’est nécessaire là encore pour changer certaines représentations.
Avec cette boîte à outils, je m’arrête sur des phrases telles que :
- « C’est de l’humour »
- « On ne peut plus draguer au boulot »
- « Moi ça ne m’a pas choqué »
- « C’est facile pour les femmes d’accuser »
Et bien d’autres encore que je vous invite à retrouver dans ma conférence.
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