Retour sur une action menée pour le compte de Michelin en 2021 : fédérer et animer un réseau des référent·es harcèlement sexuel et agissement sexiste. Cette mission s’est déroulée sur une longue période.
Elle a démarré en 2020 par un premier temps de formation sur les bases du sexisme et le volet légal. Dans le cadre de cette demie-journée de travail, un constat net s’est dessiné. Les référent·es manquaient de repère pour mener à bien leur mission et les modes de faire étaient très différents selon les sites (une douzaine de sites industriels différents, répartis sur toute la France).
Fédérer un réseau de référent·es
La première bonne pratique de Michelin : regrouper dans un même collectif les référent·es entreprise et CSE.
Si à première vue, ce n’était pas intuitif tant les profils des personnes sont éloignés, ce choix est de mon point de vue une des clés de réussite du projet. Ainsi, cela a permis d’encourager la collaboration entre les différents référent·es d’un même site. Cela a également permis de convaincre de la complémentarité des profils et des expertises.
En effet, les référent·es entreprise étaient très souvent les responsables ressources humaines du site alors que les référent·es CSE étaient dans la plupart des cas des opérateur·ices de fabrication.
A noter que le cas de Michelin illustre très bien la pertinence d’avoir mis en place 2 niveaux de référent·es*. En effet, pour avoir travaillé « à l’usine », je sais que faire la démarche d’aller voir les RH n’est pas toujours une démarche simple. Alors qu’avoir un ou une collègue, qui évolue dans le même environnement de travail que vous et que vous pouvez solliciter, c’est vraiment une chance. Ce double niveau d’interlocuteurs permet de démultiplier les chances qu’une personne en difficulté puisse trouver une personne à qui se confier.
Ajouté à cela, le collectif Michelin intègrait également les référent·es d’activités plus tertiaires et les représentant·es du siège. Cela a permis d’avoir une grande diversité de profil, d’expérience et d’approche de la mission.
Afin de créer une dynamique, nous avons mis en place une routine : nous nous sommes ainsi retrouvés 1 fois par trimestre, en visio, pour à la fois aborder des sujets théoriques mais aussi pour partager des questionnements ou des difficultés.
*Pour rappel : CSE + entreprise – uniquement pour les + de 250 salarié·es
Animer le réseau et le faire monter en compétence
Suite à un questionnaire initial, nous avons pu définir les sujets sur lesquels les référent·es avaient besoin de progresser.
Ainsi, nous avons pu aborder des thématiques comme :
- Comprendre le fonctionnement des stéréotypes
- Réagir au sexisme du quotidien
- Comprendre les impacts du sexisme
- Réaliser une action de prévention
- Savoir accueillir la parole d’une victime
- Etc.
A chaque fois, les séances étaient conçues avec des éléments théoriques, avec des mises en pratiques et des travaux en sous-groupes. Ceci permettait de croiser les regards et de faire entendre un maximum de voix.
Créer du partage et de l’échange
Un élément central de la démarche aura été également le partage et l’échange.
Les attentes étaient nombreuses sur la possibilité d’évoquer des cas réels pour savoir comment ils avaient été traités. Ainsi, des échanges ont eu lieu autour de cas anciens. Sans en révéler le contenu, l’idée était plutôt de détailler l’approche et la méthode d’enquête qui a été déployée et le rôle que chaque référent a pu jouer.
Enfin, les échanges ont également pu se faire sur des partages d’outils : certains sites étaient plus avancés que d’autres, notamment en termes de sensibilisation et d’action de prévention. Les référent·es ont ainsi pu partager sur les actions réalisées, les difficultés rencontrées. Des supports de sensibilisation ont été mis à disposition du groupe pour faciliter la tâche de tout le monde.
Les échanges se sont fait aussi énormément lors des exercices et des mises en situation où nous avons pu voir que la lecture faite de certains évènements dépendait énormément des personnes. De même lorsque nous avons travaillé sur les stéréotypes, nous avons pu toucher là aux sensibilités personnelles.
Focus sur la double écoute
C’était évidemment à chaque fois très riche car si les référent·es sont généralement des personnes engagées sur le sujet de la lutte contre le sexisme, ils et elles ne sont pas exempts de stéréotypes et de représentations. Et les échanges entre pairs permettaient à chaque de questionner les individus. Ainsi, l’une des règles que nous nous étions fixée était la double écoute. Je mobilise souvent cette idée dans mes formations. Il s’agit à la fois d’être à l’écoute de ce que disent les autres participant·es tout en étant à l’écoute de ce que cela produit en nous, de nos propres émotions. En effet, ce que disent les autres peut parfois susciter de l’incompréhension, de la colère ou encore de la tristesse. Et c’est une autre manière d’apprendre que de s’interroger sur pourquoi ces émotions surgissent.
La démarche devrait se poursuivre en 2022 sous une autre forme.
Vous voulez fédérer et animer votre réseau interne ? N’hésitez pas à me contacter.
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