L’égalité Femmes-Hommes : un sujet RSE ?
Le sujet de l’égalité F-H et tout ce qui relève de la sensibilisation des équipes à la lutte contre le sexisme est perçu dans beaucoup d’entreprise comme un sujet RSE ou bien-être au travail.
La thématique de l’égalité F-H est d’ailleurs souvent associée à la question plus large de la diversité et de l’inclusion. Je vois sur LinkedIn des intitulés de postes comme : « Responsable Egalité & Diversité » ou « Responsable diversité & RSE ».
Et l’égalité F-H est aujourd’hui surtout vécue comme un outil d’amélioration de l’image de l’entreprise. Ou encore comme un moyen de fidéliser ses salarié.es et/ou comme un outil de performance comme en témoigne l’article en lien ici.
Ou un sujet santé sécurité au travail ?
Or selon moi, il est urgent de changer de regard sur ce sujet. Il est temps de traiter le sexisme pour ce qu’il est, à savoir un risque santé sécurité pour les salarié.es.
Aujourd’hui, les études montrent que toutes les formes de violences sexuelles et sexistes, du sexisme ordinaire à l’agression sexuelle, ont des conséquences mentales et physiques dramatiques pour les personnes qui en sont victimes.
Les études montrent aussi que les violences sexuelles et sexistes concernent un nombre très important de salarié.es.
Et le Code du Travail lui-même est assez clair sur la manière dont le sujet doit être traité. Il rappelle que l’employeur a une obligation de protection de ses salarié.es. Mais également une obligation d’évaluation et de prévention, notamment par l’outil du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels. Ainsi, pour rappel :
« L’employeur prend toutes dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlement sexuel, d’y mettre un terme et de les sanctionner. » (Article L.1153-5 alinéa 1 du Code du Travail)
« L’employeur, compte tenu de la nature des activités de l’établissement, évalue les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, y compris dans le choix des procédés de fabrication, des équipements de travail, des substances ou préparations chimiques, dans l’aménagement ou le réaménagement des lieux de travail ou des installations et dans la définition des postes de travail. Cette évaluation des risques tient compte de l’impact différencié de l’exposition au risque en fonction du sexe. » (Articles L.4121-3 du Code du Travail)
« L’employeur met en œuvre les mesures prévues à l’article L. 4121-1 sur le fondement des principes généraux de prévention suivants : […] Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel, tels qu’ils sont définis aux articles L. 1152-1 et L. 1153-1, ainsi que ceux liés aux agissements sexistes définis à l’article L. 1142-2-1 ; » (Article L.4121-2 du Code du Travail)
Le sexisme : un continuum santé – sécurité
Dans mes formations, je représente les différentes formes de sexisme dans une pyramide. Cette pyramide est construite comme la pyramide des accidents de travail.
On y retrouve l’idée que :
- plus on monte dans la pyramide, moins les faits sont fréquents mais que …
- plus on monte dans la pyramide, plus les faits sont graves (pour la victime)
- chaque marche de la pyramide est rendue possible par la marche précédente.
En effet, ne pas traiter les comportements à risque favorise la survenance de presqu’accidents. Si on ne traite pas les presqu’accidents, on favorise la survenance d’accident de travail sans arrêt, etc. Détecter, prévenir et agir dès que des comportements à risques se produisent permet d’endiguer la taille de la marche supérieure.
Il en va de même pour les différentes formes de sexisme. Tolérer le sexisme ordinaire, c’est autoriser le sexisme hostile, qui lui-même favorise le harcèlement sexuel, etc.
Comment agir ?
L’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail décrit 3 niveaux de prévention :
- Primaire
- Secondaire
- Tertiaire
Le niveau PRIMAIRE est celui qui vise à empêcher les actes de survenir. Il s’agit par exemple de travailler très en amont sur l’organisation du travail, sur l’aménagement des postes, etc.
Le niveau SECONDAIRE est celui qui vise à réduire les conséquences des actes à défaut de les empêcher complètement. Ici on travaillera donc sur la détection (détecter le sexisme très vite pour l’interrompre très vite) et sur la sensibilisation des équipes à capter les signaux faibles par exemple.
Le niveau TERTIAIRE enfin est celui qui vise à traiter les actes lorsqu’ils se produisent. Ici, il n’est plus possible de prévenir, on est dans la réaction et donc dans le traitement. Par exemple : il faut gérer une plainte pour harcèlement sexuel dans un service. Cela veut dire mettre un terme aux agissements décrits, accompagner la victime dans ses démarches, mais aussi accompagner le collectif de travail, sanctionner la personne responsable, etc.
La sécurité, priorité des entreprises
Dans les 2 multinationales dans lesquelles j’ai travaillé, la sécurité a toujours été le sujet numéro 1.
Je me souviens d’une grand-messe réunissant le top management, que notre directeur général avait entamée en parlant des chiffres sécurité. Il avait enchainé en précisant que pour lui, la sécurité devait être toujours le point n°1 de toutes les réunions. C’était inédit d’aborder ce sujet on ne peut plus opérationnel dans une réunion à visée stratégique ! Et pourtant le message était limpide : la santé des salarié.es EST un sujet stratégique pour l’entreprise.
Dans l’industrie ensuite, chaque point briefing quotidien qui balayait les différents indicateurs de performance de la veille commençait par un point sécurité. Avant même de savoir combien de tonnes de produits étaient sorties des lignes de fabrication, on s’interrogeait sur la santé des équipes.
Est-ce que quelqu’un a été blessé hier ? A-t-on détecté des situations à risque ? Est-ce que quelqu’un dans sa journée d’hier « s’est fait peur » à son poste de travail ? Et si la réponse était oui, alors on consacrait du temps à cela et l’analyse des faits devenait obligatoirement un des points à traiter dans la journée.
Je partage ici mes 2 expériences mais je sais que dans nombre d’entreprises, on s’interroge régulièrement sur les situations à risques. Cela se traduit par des formulaires d’accident bénin, on s’alerte en cas de glissage, de chute, de gestes et postures, etc.
Mais la question de la souffrance au travail induite par un sexisme ambiant est malheureusement trop souvent occultée et pas prise en compte.
Votre prochaine causerie Sécurité sur le sexisme au travail ?
Et si une manière pour entrer dans le sujet et en parler avec vos équipes était de mettre le sexisme à l’ordre du jour de votre prochaine causerie sécurité ?
Que cela s’appelle « causerie », « quart d’heure sécurité », consacrer ce temps à parler de sexisme au travail, à parler des risques pour les personnes qui en sont victimes, c’est une manière opérationnelle et concrète de poser le sujet avec les équipes.
Cela peut être l’occasion d’entendre les freins, les stéréotypes aussi qui ont la vie dure et de mieux comprendre comment agir.
Cela peut être aussi l’occasion de voir les personnes qui sont mal à l’aise avec le sujet, les personnes qui fuient le sujet pour ensuite les voir en tête à tête.
Comme pour n’importe quel accident du travail, n’oubliez pas qu’il sera toujours plus simple, pour le.la manager et pour l’équipe, de prévenir plutôt que de faire face à une situation de harcèlement.
Alors, vous commencez quand ?
Besoin d’aide pour préparer votre prochaine causerie ? Vous voulez mieux comprendre les impacts du sexisme en entreprise ? N’hésitez pas à me contacter pour échanger. Ensemble, nous trouverons des solutions adaptées à votre contexte.
Aurélie ARQUIER (contact@aureliearquier.fr)