Quand, lors de mes interventions, j’interroge les participant·es sur l’accidentologie comparée des femmes et des hommes, la majorité pense que les femmes sont très peu exposées aux accidents de travail.
Pourtant il n’en n’est rien. Ainsi, pour 1 million d’heures travaillées, en 2016 on dénombrait 17 accidents de travail impactant une femme pour 25.4 accidents impactant un homme. Aussi, quand je présente les chiffres comparés femmes-hommes, les personnes sont interpellées et ce, pour plusieurs raisons. Voyons lesquelles.
Le poids des stéréotypes
Dans l’esprit de beaucoup de personnes, les femmes seraient plus prudentes, moins têtes brulées que les hommes (#stéréotypes) et ainsi seraient moins sujettes aux accidents de travail.
Par ailleurs, l’idée même d’accident du travail est pour beaucoup associée à des métiers physiques, impliquant une prise de risque, et donc à des métiers à prédominance masculine (industrie, BTP).
Les personnes projettent les femmes plutôt sur des métiers « administratifs », aussi elles imaginent un taux d’accident plus faible pour les femmes. En faisant cela, on occulte la présence des femmes dans les métiers du soin et de l’aide à la personne entre autre.
Une pénibilité mal évaluée
La notion de pénibilité au travail est introduite dans le Code du Travail par la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites. Le texte introduit 10 critères de pénibilité reconnus officiellement, dont certains sont liés à des « contraintes physiques marquées » ou encore à « certains rythme de travail ».
Pour autant, la pénibilité liée à la répétition des gestes, au fractionnement des horaires et au port de « charges humaines » (corps de personnes malades, dépendantes) est aujourd’hui largement sous-évaluée.
Une étude riche d’enseignements
L‘étude de l’ANACT (Photographie statistique des accidents de travail, des accidents de trajet et des maladies professionnelles en France, selon le sexe, de 2001 à 2016) montre que le nombre d’accidents du travail subi par les femmes ne cesse d’augmenter au cours des 20 dernières années quand le nombre d’accidents subi par les hommes diminue.
L’étude montre également que désormais, le secteur le plus accidentogène n’est plus le BTP, détrôné depuis les secteurs de la santé et du nettoyage.
Le rapport présente ainsi plusieurs données clés pour mieux décrypter les conditions de travail et leurs impacts sur la santé des salarié·es.
Cette approche de la santé sécurité par le genre offre une nouvelle opportunité aux entreprises de travailler sur les inégalités tout en faisant de la prévention primaire. Et comme le rappelle Florence Chappert :
« Il ne s’agit pas de faire de la prévention genrée mais bien de faire de la prévention qui prend en compte le genre »
Printemps des Fameuses – Atelier Genre et santé au travail, 22 octobre 2021
Pour avancer en ce sens, elle propose notamment 3 pistes d’actions :
- Mettre en visibilité et évaluer les risques des emplois à prédominance féminine
- Prendre en compte les conditions de travail des femmes enceintes
- Prendre en compte l’exposition aux violences sexuelles et sexistes
Vous voulez travailler sur les stats de votre entreprises et intégrer le genre dans votre approche de la santé-sécurité au travail ? Contactez-moi.