A chaque fois ou presque que j’interviens sur le sujet de la lutte contre le sexisme au travail, une question centrale émerge. Comment trouver la limite de ce qu’on peut dire et ne pas dire au travail ? Cette question apparaît notamment lorsque j’évoque la définition de l’agissement sexiste et que j’insiste sur le fait qu’en matière de sexisme, ce qui compte c’est l’effet produit sur la victime, même si l’intention de l’émetteur n’était pas mauvaise.
Puisque l’on peut être sexiste sans le vouloir, dès lors, en matière de sexisme au travail, comment fixer les limites de ce qu’on peut dire librement et de ce qu’on doit réguler ?
Pour aider les personnes que j’accompagne, je propose 3 grilles de lectures qui, combinées, doivent permettre à chacun·e de trouver la juste limite.
La loi : un cadre qui s’impose à toustes
La première limite que j’évoque est la loi. Le Code du Travail et le Code Pénal décrivent un certain nombre d’agissements, de propos et de comportements et les identifient comme répréhensibles. La connaissance des textes et de la qualification des propos et comportements sanctionnables est donc une première aide pour fixer la limite. Cette limite s’impose à toustes, elle est commune et permet d’avoir un cadre commun au sein de l’espace de travail.
Si mes propos sont liés au sexe d’une personne et portent atteinte à sa dignité: j’ai franchi la ligne rouge.
Si mes propos ont une connotation sexiste ou sexuelle et créent un environnement offensant, humiliant, intimidant pour 1 ou des collègues: j’ai franchi la ligne rouge.
Il est donc indispensable d’accompagner vos équipes dans la connaissance des définitions légales. Et il faut également les outiller pour bien comprendre de quoi on parle quand on évoque « des propos liés au sexe d’une personne » ou des « propos à connotation sexiste ou sexuelle ». Expliquer le sexisme, ses composantes, sur quoi il repose est indispensable pour permettre à chaque personne de placer son curseur individuel et de positionner le curseur collectif.
Les propos stéréotypés : arrêter de contribuer à la reproduction de représentations enfermantes
Une autre grille de lecture que je propose est d’inviter les personnes à s’interroger sur la portée de leur propos et comportements.
Est-ce que mes propos véhiculent des stéréotypes ? Mes propos sont-ils enfermants pour un genre ? Est-ce que mes propos disent quelque chose de la place que j’accorde aux femmes et aux hommes dans l’espace de travail ?
Ce type de questionnement individuel permet ainsi de comprendre que dire à une femme qui intègre un milieu industriel très masculin « qu’on est ravi de l’accueillir parce que avoir une femme dans l’atelier ça va apporter un peu de douceur » n’est peut-être pas le meilleur des accueils qu’on puisse faire (toute ressemblance avec mon expérience personnelle n’est pas fortuite !).
Le respect d’autrui : et si lutter contre le sexisme passait par le développement de l’empathie ?
Enfin, sur le sujet du sexisme au travail, il me semble que la meilleure manière de fixer les limites passe par une attention portée à ce que produisent nos propos et comportements sur nos collègues.
La question que l’on peut se poser est donc « est-ce que ce que je m’apprête à dire risque de blesser 1 ou des collègues ? ». Et si la réponse est oui, alors il vaut peut-être mieux s’abstenir.
Et dans le doute, retenez que nous sommes toutes et tous capables d’identifier une personne qui se replie sur elle-même, qui a un mouvement de retrait ou le visage qui se ferme. Tous ces signes non verbaux, nous pouvons les détecter si nous prenons le temps d’y prêter attention. Et c’est ce moment qui est stratégique : soit on décide de ne rien faire et alors le malaise s’installe, soit on décide d’engager le dialogue et nous sommes déjà sur la bonne voie. Dire à l’autre « j’ai le sentiment que ce que je viens de dire t’a heurté et je m’en excuse » c’est déjà pour moi une manière de lutter contre le sexisme au travail (si on le fait de manière honnête évidemment).
Cette dernière règle de fonctionnement peut sembler simpliste et pourtant, elle vous permettra de réduire les situations problématiques, de susciter le dialogue au sein de l’équipe et de réussir à fixer collectivement les limites en matière de sexisme au travail.
Vous voulez sensibiliser vos équipes à ces sujets ? Vous voulez lutter efficacement contre le sexisme au travail ? Contactez-moi !