A moins de 2 ans des prochaines élections municipales, il est temps pour moi de partager mes retours d’expérience d’élue féministe. Je suis convaincue que tous les élus hommes et femmes devraient mettre cet engagement au cœur de leur mandat et de leur action. C’est bon pour l’intérêt général, cela améliore les politiques publiques. Et c’est surtout très facile d’adopter les bons réflexes pour être 1 élu·e féministe.
Cet article est le premier de la série. Il présente 4 idées pratico-pratiques. Je vous proposerai dans de prochains articles plus de solutions pour savoir comment être 1 élu·e féministe.
LE DISCOURS INCLUSIF
Toute d’abord, il est possible de marquer son engagement en rendant le féminin visible dans les discours et les écrits. Lors des prises de parole pour les inaugurations ou les vœux de la commune par exemple, je vous recommande de commencer à saluer « toutes et tous » et à doubler l’ensemble des termes qui visent à interpeller les habitants et les habitantes.
En tant qu’adjointe à la vie associative, j’ai toujours veiller à m’adresser aux Présidents et aux Présidentes par exemple. Cela peut sembler lourd de prime abord mais c’est très une habitude à prendre et cela a des impacts très forts. Sur ma commune, j’ai vu des présidentes, ne pas hésiter à reprendre un collègue qui ne parlait que des présidents. Ou encore, lors des renouvellements de bureau, des présidents sortants me dire qu’ils allaient chercher un nouveau président « ou une nouvelle présidente » ! Ce n’a rien d’anecdotique car cela marque les esprits et cela ouvre le champs des possibles de manière très visible et très rapide.
Je vous encourage à essayer !
LA FORMATION DES ELU·ES
Les élu·es bénéficient d’un droit à la formation. Les montants sont visibles sur le Compte Personnel de Formation.
Je préconise de mobiliser ce droit à la formation individuel. Mais je recommande aussi qu’en début de mandat, des formations « de base » soient proposées à l’ensemble de l’équipe. 2 sujets me semblent importants : la compréhension du budget d’une collectivité et la capacité à prendre la parole en public.
Comprendre le budget est primordial car la préparation du budget rythme l’année des élu·es et des services. En comprendre les tenants et les aboutissants est donc capital. Cela permet aussi d’avoir une phase de débat autour du budget plus riche et d’éviter, comme je l’ai trop entendu sur ma commune des ellipses sur des parties qui seraient « techniques ».
La formation à la prise de parole en public est également un incontournable de mon point de vue. C’est un élément bloquant pour trop de femmes et d’hommes élu·es. Cela a pour effet de concentrer les prises de parole lors des Conseils Municipaux par exemple. Là aussi, c’est un élément qui peut nuire au débat. Par ailleurs, permettre à chacun et chacune d’être à l’aise pour prendre la parole permet aussi de mieux répartir les temps de parole entre femmes et hommes et de garantir une véritable parité pour la présentation des sujets.
LA REPARTITION DES DELEGATIONS
C’est dans beaucoup de collectivités un des éléments visibles de la « division sexuée du travail » ou du moins d’une répartition stéréotypées des missions. Aux femmes, le social, la culture, l’éducation et la jeunesse et aux hommes, les finances, l’espace public ou encore l’urbanisme.
Il est important de veiller dès la constitution de l’équipe municipale à travailler en binôme mixte pour assurer un partage des connaissances et un regard plus large sur les sujets.
Je vous encourage à veiller également à ce que l’alternance femme-homme de la liste se traduise aussi dans l’attribution des postes. J’ai manqué d’attention sur ce point. Résultat : nous avons UN Maire et UN premier adjoint…
De même, je conseille d’être très vigilant·e lors de l’attribution des postes au niveau de l’intercommunalité. Lorsque le Maire de ma commune a présenté sa première copie : les hommes occupaient des postes de titulaires et les femmes étaient systématiquement reléguées en suppléante. Et les hommes étaient une nouvelle fois positionnés sur les sujets « perçus comme masculins » et les femmes sur les sujets « perçus comme féminins ». La copie a été revue, pour une meilleure répartition des rôles et donner aux femmes toute la place qu’elles méritent.
UNE PROGRAMMATION CULTURELLE ENGAGEE
Etre 1 élu·e féministe, cela peut aussi se traduire dans les choix de programmation culturelle. Depuis le début de mon mandat, et puisque ma délégation couvre le champ évènementiel, j’ai veillé à rendre visible les femmes et les sujets de promotion de l’égalité.
2 exemples :
- la diffusion du documentaire CROQUANTES qui donne à voir des agricultrices de Loire-Atlantique développer des savoirs et partager des moments ensemble pour parler de leur situation de « femme de » et du sexisme vécu dans leur quotidien d’exploitante agricole.
- la programmation d’un concert de musique classique faisant la part belle aux compositrices oubliées de l’histoire
Une programmation féministe peut aussi intégrer des actions dans le cadre du 8 mars ou du 25 novembre, ou encore porter une attention à avoir des spectacles de compagnies dirigées par des hommes et d’autres par des femmes, etc.
Il y a plein de manière d’incarner les valeurs féministes dans son mandat et plein de manière d’être 1 élu·e féministe.
Je vous partagerai d’autres tips dans un prochain article. A suivre !
Aurélie ARQUIER